Cyril Divine Ahorsu, SMA (Diacre) |
Superstition
La
superstition, c’est l’attachement étroit et formaliste à certains aspects du
sacré. C’est aussi l’attachement excessif et irrationnel à quelque chose. La
superstition fait croire que certains actes, certains objets annoncent ou
attirent la chance ou la malchance[1]. C’est la croyance au pouvoir surnaturel de
forces occultes à divers présages tirés d’événements fortuits. C’est une vaine
croyance, vain présage ; une croyance à l’efficacité magique de certaines
pratiques, à la signification surnaturelle de certains signes. Les peuples du
monde entier ont leurs superstitions et leurs craintes.
Un contexte Africain
Dans
le milieu Éʋé, En Afrique de l’Ouest,
il y a plusieurs phénomènes qui signifient la présence du mal[2]. Il y a le
meurtre, les maladies et l’accident incompréhensible. L’origine du mal est associée
à des êtres spirituels autres que Dieu. C’est-à-dire, le non-respect pour
certaines normes de la société. Il existe des normes que chaque individu doit
respecter ; on doit participer aux rites et à l’observation des interdits.
Cela marque le champ du sacré. C’est ainsi que la perfection morale et
religieuse est identifiée à l’observance des interdits dictés par un esprit.
Celui qui se détourne des normes de la société des vivants, est dit d’avoir
fait des fautes et cela est considéré comme une rupture entre la divinité et
les hommes. Dans ce sens, les ancêtres réagissent par un châtiment[3].
D’autre
aussi attribuent l’origine de malchance à la sorcellerie. La sorcellerie
signifie l’emploie de puissance mystiques contre le progrès de la société.
C’est de cette façon que la croyance populaire fait de la sorcellerie, la cause
de toutes sortes de malheurs, de maladies, d’accidents, de tragédies, de
chagrins, de dangers et d’évènements triste qui se passent dans la vie
quotidienne[4].
Quels sont les remèdes
possibles pour qu’on soit épargnés des châtiments ?
Dans
le cas d’une cause spirituelle, il faut que l’esprit malfaiteur soit réduit à
l’état de faiblesse, ou corrompu en acceptant une offrande. Aussi, le respect
du tabou approprié pourra annuler les effets de la faute ou force l’esprit à
abandonner la répression. Le sacrifice d’un animal servira de substitut à la
victime humaine en proie à la colère des esprits[5]. A ce point, il nous convient
de reprendre notre question ; quelle attitude le chrétien doit adopter
dans un contexte pareil ?
Le Chrétien
Le
chrétien est le disciple du Christ, il est celui qui est dans le Seigneur
Jésus-Christ (cf Ac 11, 26 ; Rm 16, 11). Soit un esclave qui a été appelé
dans le Seigneur et il est un affranchi du Seigneur, soit celui qui était libre
mais devenu esclave du Christ mais non pour devenir un esclave des hommes ou
bien un esclave de quelque chose que ce soit (cf 1 Co, 7, 22). Il est configuré
au Christ par le baptême et il est devenu une nouvelle créature (cf 2Co 5, 17).
Un Chrétien est rempli d’Esprit Saint et de foi (cf), il est un fidèle en
Jésus-Christ (cf Ac 11, 24 ; Ep 1, 1). Si le chrétien est le disciple du
Christ, et qu’il est rempli d’Esprit Saint et de foi, alors face aux rites et
superstitions, on proposerait que le chrétien adopte une attitude de la foi.
Une attitude de foi
La
foi est quelque chose qu’on ne voit pas mais qu’on accepte comme réalité. D’un
point de vue biblique : « La foi est une manière de posséder
déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit
pas » (Hb 11, 1). C’est le don de Dieu à l’homme, pour que celui-ci puisse
le connaître et le reconnaître en tout temps. En Jésus-Christ, Dieu invite
l’homme pour qu’il communie avec lui afin qu’il connaisse Lui le seul et le
véritable Dieu (Jn 17, 3). Mais l’homme ne peut pas agir en fonction de cet
appel s’il ne l’entend pas (si Dieu ne se manifeste pas à lui). Alors, Dieu se
manifeste par sa parole.
La parole de Dieu,
source de la foi
La
foi nous parvient par la parole de Dieu (Rom 10, 14-17). La parole de Dieu est
la source de la révélation de Dieu en Jésus-Christ pour la foi (Concile Vatican
II, Dei Verbum, Fides, 1967, n°10). Par ailleurs, le Christ lui-même est la
parole de Dieu (cf. Jn 1,1) et le sommet de la révélation de Dieu (cf. He 1,
1-2). La parole nous interpelle chaque jour et ce qui compte pour le chrétien
c’est d’observer ce que la Parole dit et d’observer les commandements de Dieu
(1Co 7, 19). Seuls les commandements de Dieu comptent car ils sont salutaires
et ils nous guident sur le chemin de la vérité. Ils nous donnent la paix comme
un fleuve et la justice comme les flots de la mer (Is 48, 17-19). Ainsi, Jésus
dira : « Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met
en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le
roc » (Mt 7, 24). Alors, la première des choses c’est de chercher à faire
la volonté de Dieu.
L’Esprit de Dieu, la
force de la foi
L’Esprit
de Dieu donne la force, il montre la voie qui mène à Dieu et il défend face aux
difficultés (Mt 4, 1). L’Esprit de Dieu n’est pas un Esprit de peur ou un
esprit de timidité. C’est un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi
(2Tm 1, 7). Il nous enseigne et il nous fait exprimer notre foi au moment
difficile (Mt 10, 20). C’est un Esprit de courage et qui fait vivre (Jn 6, 63).
Donc le Chrétien doit prier toujours pour demeurer dans l’Esprit de Dieu afin
qu’il puisse exprimer sa foi en tout temps et en tout lieu ; même face aux
rites et superstitions.
Deux mondes différents
Le
monde superstitieux et le monde en Christ sont compris comme deux mondes
différents, puisque par notre définition ci-haut, nous avons dit que la
superstition fait croire que certains actes, certains objets annoncent ou
attirent la malchance de l’homme. Au contraire, le monde en Christ donne la
vie, une vie en plénitude (Jn 10, 10). Si le chrétien a fait son choix de
suivre le Christ, il ne doit rien viser que le monde en Christ ; le Christ
qui est la source de toute création et de toute vie (Jn 1, 3-4). Le chrétien ne
doit pas être timide face aux rites et superstitions, car sa lumière et son
salut c’est le Seigneur, la forteresse de sa vie, c’est le Seigneur (Ps 27, 1).
Il doit avoir la confiance au Seigneur puisque le Seigneur protège et cache ses
enfants au secret de sa tente (Ps 27, 5). Mais le chrétien qui vise autre chose
que le Christ n’est pas digne du Royaume de Dieu : « Quiconque met la
main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de
Dieu » (Lc 9, 62) puisque le monde ancien est passé, et qu’une réalité
nouvelle est là (2Co 5, 17). Il faut qu’on comprenne que « personne ne
coud une pièce d’étoffe neuve à un vieux vêtement ; sinon le morceau neuf
qu’on ajoute tire sur le vieux vêtement, et la déchirure est pire ». De
même « Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; mais
à vin nouveau, outres neuves » (Mc 2, 22). Alors, le chrétien qui a
confiance en Christ ne doit pas conformer sa vie aux rites et superstitions.
Conclusion
La
vie que Jésus-Christ, le Fils de Dieu nous donne est une nouvelle vie. Cette
vie nous libère de toute sorte de peur, de timidité et de découragement. Il
suffit d’avoir la foi qui nous parvient par la Parole de Dieu ; telle que
nous la lisons d’une manière individuelle et telle que nous l’écoutons
lorsqu’elle est lue et expliquée au cours des célébrations liturgiques. Cette
question de chrétien face aux rites et superstitions relève d’une question de
la foi. Mais si après avoir été configuré au Christ par le baptême, on conforme
notre vie dans les cadres de rites et de superstitions, une question qui nous
sera posée c’est : « pourquoi avez-vous si peur, n’avez-vous pas
encore de foi ? » (Mc 4, 41).
Cyril Divine Ahorsu, SMA (Diacre)
Paroisse Saint Michel d'Adjamé
[1] Hachette, le Dictionnaire essentiel, Dictionnaire Encyclopédique Illustrée, Paris, 1993, p. 1754.
[2] Cf. Claude RIVIERE, Anthropologie religieuse des Éʋé du Togo, Lomé, Nouvelle Edition Africaine, 1981, p. 86.
[3] Cf. Idem, p. 106.
[4] “For African peoples sorcery stands for anti-social employment of mystical powers… African peoples feel and believe that all the various ills, misfortunes, sicknesses, accidents, tragedies, sorrows, dangers and unhappy mysteries which they encounter or experiences, are caused by the use of this mystical power in the hands of a sorcerer, witch or wizard”. Cf. John MBITI, African religions and philosophy, New York, Anchor Books, 1970, p. 261.
[5] Cf. Claude RIVIERE, Op. cit., p. 84.
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